la Géographie
des Bords

Une proposition hors du temps,
délicieusement déboussolante et poétique.

« Goûtons à la savoureuse certitude que l’absence de raison d’être des bords ne prouve pas leur inexistence »
Hassan Haraki Symposium de Melbourne 1970.

Une base mobile d’expérimentation accueillant toutes les 20 minutes, à la manière d’un entre-Sort pour une centaine  de curieux, 8 séances d’Inhalation Cérébrale 

+ 8 Explorations de terrain dans le voisinage immédiat de la base 

+ Un espace ouvert dédié aux Conversations Géographique avec ces 8 chercheurs irréductibles ainsi qu’à l’évocation des 50 années d’existence du Mouvement international de Géographie des Bords.

Tels sont les supports, fonctionnant en continu et en simultané, de ce spectacle très particulier donné durant 3 heures où les spectateurs peuvent puiser, quelque soit leur moment d’arrivée.

Une écriture débordante questionnant notre existence sous un mode humoristique onirique, ou poétique très loin du discours scientifique ambiant. Une installation scénographique contemporaine, un environnement sonore discret, des supports graphiques inattendus qui renforcent la présence intrigante dans la ville de cette fiction surréaliste.

Une illustration du sens du détournement et de l’inventivité en matière d’utilisation de l’espace et du langage qui caractérise Delices DADA.


Aide à la création Le Parapluie — Centre international de création artistique Aurillac, Lieux Publics — Centre national de création Marseille, Le 3bisF — Lieu d’arts contemporains Aix-en-Provence, Furies — L’Entre-sort Châlons-en-Champagne, L’Atelier 231 — Centre national des arts de la rue Sotteville-lès-Rouen, Le Citron Jaune — Centre national des arts de la rue Port-Saint-Louis du Rhône, Le Train Théâtre — Scène conventionnée de Portes-lès-Valence, EnCourS – KomplexKapharnaüm, Les Ateliers Frappaz — Centre national des arts de la rue Villeurbanne. Soutien pOlau – Pôle des arts urbains Tours. 
Aide à la résidence de production Ministère de la Culture et de la Communication (DGCA).

 

L’Insatiable, article 1178 30/09/15

Festival d’Aurillac : Un spectacle subversif, c’est quoi ?

Qu’est-ce qui fait le bonheur d’un spectacle politique ?
Se contenter de dénoncer les méchants est-il suffisant ?
N’est-il pas plus utile de tenter de transformer notre vision du monde ? (...)

L’imaginaire des bords
Un grand cru : L’air d’Aurillac dégusté par Delices Dada

Clairement, l’imaginaire est la piste à suivre. La compagnie Delices Dada invente même de toute pièce une nouvelle discipline scientifique somptueusement chimérique, La Géographie des Bords. Venus du monde entier, formant une communauté de chercheurs farfelus, libres, enthousiastes et poétiques. Ils entraînent leur public dans une exploration des bords de route, où l’on découvre par exemple comment se nourrir de l’air et en apprécier toutes les finesses gustatives. La métaphore est évidente, on peut changer de point de vue sur son environnement et sa vie, il suffit d’y introduire une dose de cette géographie-limite.

Cet exercice de réenchantement fut le troisième volet au Festival d’Aurillac de ce qu’on pourrait appeler une « école de la sensibilité ». Cette subversion en douceur, par surprise et basculement de point de vue l’emporte sur tout discours frontal. (...)

Thomas Hahn


 

La Montagne édition Cantal le 21/08/2015 Le festival côté in

Delices Dada, l’expérience délicieusement loufoque

Lâchez prise ! Le nord s’envole, le sud aussi. Delices Dada retourne tout doucement la tête, et la planète, et bouleverse les repères avec sa Géographie des Bords. Vers de nouveaux horizons. Un moment délicieusement loufoque, d’une absurde sériosité. D’une simple « séance d’inhalation cérébrale » sort l’inspiration, l’étincelle vers des expériences insensées, auxquelles on aurait envie de croire. Ces scientifiques d’un autre monde sont terriblement attachants, et convaincants, dans leur quête d’ailleurs, d’un autre champ des possibles. L’horizon scientifique n’a jamais été aussi vaste, les bords sont sans cesse débordés. Où les coudées égyptiennes donnent la mesure vers les étoiles. Où le fini et l’infini n’en finissent plus de s’entremêler. Où une poche Beethoven rythme la géophonie verticale aurillacoise. Où les points de fuite s’échappent pour mieux nous emmener loin d’ici. Perché ! « On est d’autant plus proche de la vérité quand ça ne veut rien dire », lance l’un de ces improbables scientifiques. Avec Delices Dada, il n’y a pas de limite. C’est scientifiquement prouvé.

Arthur Cesbron


 

Les brèves de Stradda / Octobre 2015

La Géographie des Bords

Le goût de l’air ! D’après notre géographe, il ne serait pas le même, selon que l’on déguste les molécules près du sol ou à hauteur d’homme. Tant de saveurs à découvrir ! Avec sa vieille raquette de tennis transformée en capteur d’ions, l’énergumène mesure la capacité de l’air à nourrir la population. Cette nouvelle discipline scientifique qu’est La Géographie des Bords nous révèle que tout reste à découvrir, même sur les bords des rues, là où nous n’attendions plus rien.

Un rêve ? Certes, mais un rêve qui permet d’avancer. La Géographie des Bords est une science internationaliste, utopiste, voire dadaïste. Venus d’horizons divers et lointains, les géographes ne nient rien de leurs traditions vestimentaires ni de leurs accents. Le charme et la cohérence de leurs récits incarnent l’évidence d’une vie consacrée entièrement à l’exploration de voies insoupçonnées. Delices Dada réinventent leur façon de percer les secrets de notre environnement et se montrent au sommet de leur art. On écoute leurs aventures de la jungle, et on croit en leur soif d’investigation pour le bien de l’humanité. À tout défi théâtral de l’espace public, ils trouvent la réponse optimale. De vrais scientifiques ! Le public, reçu en petits groupes, devient co-explorateur et peut dialoguer avec l’équipe après le spectacle. On se surprend alors à rejoindre cette communauté d’esprit, recueillant au passage quelques citations surréalistes comme celle attribuée à Salvador Dali : « L’érosion de l’ivresse des cimes n’est pas due à l’affaissement du ballon d’Alsace. » CQFD.

Thomas Hahn


 

La Scène /automne 2015

La vie des créations

Pathologie de la 
matière géologique, 
infinies ramifications que l’eau tisse
 avec les vivants, langage mystérieux des 
horizons ou encore
 effets immatériels
 de la lumière : voici 
quelques-unes des 
révélations aussi
 absurdes que poétiques que les huit
 excentriques chercheurs internationaux d’un domaine
 scientifique non encore répertorié, « la Géographie des Bords », vous livrent depuis leur Base géographique itinérante. Outre écouter le récit de leurs vies mouvementées, vous pourrez assister à des expériences extrêmes à l’intérieur de la Base et les suivre sur leurs terrains d’exploration répartis en différents points de la ville. Abandonnez tous vos repères et votre boussole pour pénétrer dans ce chantier surréaliste qui s’offre comme un contrepoint réjouissant aux discours catastrophiques actuels sur le dérèglement climatique et l’avenir de la planète.

Marie-Agnès Joubert


 

Blogs/Mediapart.fr/blog/jean-jacques-delfour/230915/théatre-de-rue-aurillac-2015

Delices Dada : La Géographie des Bords, ou le théâtre des catastrophes savantes

(...) La première géographie est le tracé du territoire de la survie, dont il s’agit de maîtriser les seuils, les bords, afin d’éviter d’être débordé par les autres, les bêtes, les forces naturelles. Ainsi, le bord est le lieu de friction entre des forces antagonistes. Un lieu de théâtre donc où l’on peut montrer le récit de ces combats autour du débordement. C’est dire combien ce spectacle, sous des allures de fantaisie, renvoie à des questions vitales.

Delices Dada propose de pointer le regard sur les aspects de débordements issus du discours scientifique. Les sciences modernes sont certes des pratiques (expérimentales) mais aussi une littérature de vérité qui tend à disqualifier tous les autres discours (...).

Cette emprise – bien réelle dans le monde réel – est tournée en dérision par des chercheurs border line, reprenant le mythe du savant fou et exploitant la porosité de la frontière entre savoirs licites, légitimes, et « faux » savoirs. L’histoire des sciences montre à quel point varie le statut des énoncés avant d’être stabilisé, d’ailleurs provisoirement. Comme la science est recherche, elle se situe nécessairement au bord des champs de savoirs, précisément tout près des zones d’ombre, des problèmes irrésolus, où fleurissent les théories bizarres, là où le discours scientifique ressemble le plus à de la littérature romanesque. C’est ce contexte spécifique de la bordure commune entre science et mythe qui rend socialement possible le spectacle de Delices Dada.

Un laboratoire, appuyé sur la matrice ancienne de l’Entre-Sort, couplé à des terrains d’explorations (autre matrice du savoir scientifique), convoque symboliquement tout l’appareillage de la science moderne. Les savants étranges (signe social de sérieux paradoxal) développent des discours mêlant habilement jargon et paroles compréhensibles. Les objets abordés sont parfois presque clairs (la géophonie, l’eau dans les vivants, les nutriments présents dans l’air, la panne de gravitation), souvent obscurs (matière géologique, horizons…), par instant totalement indéfinissables (l’astronomie et la coudée égyptienne). Ces formes, très paisibles, appellent un public patient, attentif, discret, bienveillant. Le rythme est caractérisé par une lenteur sans lourdeur qui prépare doucement une écoute de texte.

Le modèle sous-jacent est un avatar de l’abbaye de Thélème où, comme Rabelais le précise, la liberté, sous le regard bienveillant des confrères et des consœurs (le contraire des « chers collègues » d’aujourd’hui, pilotés par la haine), règne sans limite autre que la tolérance.  C’est aussi parce que le laboratoire est un lieu relativement clos et que le discours savant est également clos (sémantiquement) que le spectacle est si efficace. La parodie douce reproduit en miniature les structures sociales lourdes de la science contemporaine.
Le thème de la géographie des bords n’est pas une reprise du situationnisme mais bien plutôt une variation sur la théorie des catastrophes de René Thom. Le bord est, par définition, un site de catastrophe, c’est-à-dire de changement abrupt, sans continuité. (...). Le bord est le lieu des basculements, c’est-à-dire une matrice de production des événements. Or, les textes des savants sont eux aussi régis par cette bascule : pendant un bon moment, ils semblent normaux, conformes au style savant, puis une cassure surgit qui fait apparaître une anomalie dès lors contagieuse.

Jean-Jacques Delfour